U Crovu e u Vurpun
Mestre Crovu sciü d’ün ramu agiücau
Avëva ünt’u becu ün furmàgiu
Mestre Vurpun da l’audù aletau
Ghe tegne, da fürbun, stu lengàgiu :
« Munsü u Crovu Te salütu
E se Te devu dì tütu
Nun gh’è ün àutru augelu
Cuma Tü cuscì belu.
S’a To’ vuje è alegra
Cum’a To’ ciüma è negra
Sì, e ne poi iesse urgüyusu
L’augelu ciü maraviyusu ! »
Sentendu achësta làuda
U Crovu ümbarlügau
Crede a so’ vuje càuda
E vœ iesse amirau.
Per fà sente a Vurpun
A so’ bela cançun
Drœve largu u becu
E se làscia scapà
U so bucun da lecu
Sença purè ren fà
Mestre Vurpun s’u piya
E prima d’andà via
Ghe dà chësta leçiun :
« Mestre Crovu dev’ ümparà
Che qü scuta flataria
Sença vede a fürbaria
Se fà sempre minciunà ! »
Ufesu e vergügnusu
Mestre Crovu s’è giürau
De nun iesse urgüyusu
Per mai ciü iesse ciapau !
Louis Principale
(Graphie de l’auteur)
Le Corbeau et le Renard
Maître Corbeau sur une branche perché
Avait en son bec un fromage
Maître Renard, par l'odeur alléché
Lui tient, gros malin, ce langage :
« Monsieur du Corbeau je te salue
Et, si je dois tout te dire,
Il n’y a pas d’autre oiseau
Aussi beau que toi.
Si ta voix est aussi gaie
Que ton plumage est noir
Tu es, et tu peux en être orgueilleux,
L’oiseau le plus merveilleux ! »
En entendant ces louanges
Le corbeau ébloui
Croit sa voix chaude
E
t veut être admiré.
Pour faire entendre à Renard
Sa belle chanson
Il ouvre largement son bec
Et laisse échapper
Sa bouchée gourmande
Sans rien pouvoir faire.
Maître Renard s’en empare
Et avant de partir
Lui donne cette leçon :
« Maître Corbeau doit apprendre
Que, qui écoute flatterie
Sans voir la roublardise
Se fait toujours avoir ! »
Offensé et honteux
Maître Corbeau s’est juré
De ne plus être orgueilleux
Pour ne jamais plus être attrapé !
(Traduction de l'auteur d'après la fable de Jean de la Fontaine)