Le perte des territoires de Menton et Roquebrune
Le Prince Florestan ne sut pas réagir face à cette situation nouvelle. Il accordera le 25 février une Charte constitutionnelle d’esprit libéral… mais c’était trop tard ! Les esprits échauffés à Menton, encouragés par la garnison sarde, poussèrent la population à faire sécession.
Le 2 mars 1848, Menton se déclarera ville libre et constituera, avec les séparatistes, un gouvernement provisoire !
Le 30 juin, le Gouvernement provisoire, après consultation de la population, demandera le rattachement aux Etats sardes. Le 18 septembre, les Sardes prenaient possession des communes de Menton et de Roquebrune en attendant le règlement définitif de cette affaire entre Turin et le Prince de Monaco !
Au décès du Prince Florestan, le 20 juin 1856, rien n’était réglé et son fils Charles III (1818-1989) allait hériter de ce contentieux qui mettait en péril l’existence même de la Principauté.
Cependant, la donne politique allait rapidement changer avec l’arrivée aux affaires de Cavour, Premier ministre du roi Victor Emmanuel II. En négociant l’aide de Napoléon III pour son entreprise d’unification de l’Italie en faveur de la Maison de Savoie, Cavour proposera à la France la cession des Etats de Savoie et… du comté de Nice !
Par le traité de Turin du 24 mars 1860, et après consultation populaire, la Savoie et Nice étaient rattachés à la France.
Les villes libres de Menton et de Roquebrune par leur vote en faveur de la France furent rattachées au département des Alpes-Maritimes ! Situation insolite pour des populations qui avaient proclamé leur attachement au roi sarde.
Bien entendu, le Prince Charles III protestera vigoureusement auprès de la France pour son ingérence, mais devant les résultats de la consultation populaire (883 voix pour le rattachement à la France contre 54), le Prince préféra négocier avec l’empereur Napoléon III la cession de ses Communes (son ancêtre Charles Ier les avaient achetées en 1346 et 1355).
Le traité du 2 février 1861 réglait définitivement cette question par la vente à la France de Menton et Roquebrune. Ce traité prévoyait également le passage par Monaco de la ligne de chemin de fer qui allait relier Nice à Gênes, ainsi que la réalisation, aux frais de la France, d’une route littorale pour désenclaver la Principauté dont l’accès par voie terrestre, comme maritime, était des plus difficiles.
Dans cette affaire la Principauté perdit les 4/5èmes de son territoire. Elle sera réduite à une superficie de 150 hectares !